Le moteur de recherche explique vouloir travailler avec les États pour payer plus d'impôts. Reste à ces derniers à se mettre (vite) d'accord.
Cette manif-là n'a pas fait grand bruit, mais le 24 mai, des étudiants londoniens se sont rassemblés près de Camden Market. À l'origine de ce mouvement, point de revendication pour de meilleures bourses ou une quelconque cause humanitaire, mais la célébration d'un "Google Free Day". Pour ces manifestants, non seulement il est dangereux qu'un trop grand nombre de services soit assuré par un seul site, mais surtout ils ne comprennent pas pourquoi, en 2011, le moteur de recherche n'a payé que 6 millions de livres de taxe, alors qu'il a totalisé en Grande-Bretagne un chiffre d'affaires quarante fois plus important. Un thème repris à la volée par le responsable travailliste Ed Miliband : "Quand Google prend tellement de temps à payer des taxes, je sais que ce n'est pas juste."
Pourtant, à la surprise générale, la direction de Google explique qu'elle est prête à payer davantage d'impôts. "Alors que des familles se serrent la ceinture et que le financement des services publics est sous pression, la taxe des entreprises est un sujet brûlant. Et parce que notre entreprise aspire à faire toujours les bonnes choses, nous comprenons que Google soit au centre du débat", a notamment expliqué Eric Schmidt, président de Google, dans une tribune parue dans le journal The Observer.
"Ce sont les politiques qui fixent les règles"
En France, le manque à gagner pourrait aller de 1,1 à 1,5 milliard d'euros par an selon une étude de Greenwich Consulting pour la Fédération française des télécoms. Et, aux États-Unis, Apple a récemment été auditionné au Sénat qui lui reproche de déclarer une trop grande partie de ses profits en Irlande. Bref, l'étau semble se resserrer sur les groupes accusés de jouer sur les différences de taxation entre les pays.
Sans doute pour prendre les devants, Eric Schmidt, qui rappelle au passage que son groupe agit de manière totalement légale, explique que le moteur de recherche paiera davantage d'impôts lorsque "les règles seront les mêmes partout". Et d'insister : "Ce sont les hommes politiques qui fixent les règles." Or, c'est là que le bât blesse. Car les États sont dans une position difficile. S'ils doivent effectivement convaincre les géants du Net de payer davantage d'impôts, ils doivent, dans ce qui ressemble de plus en plus à une course mondiale, attirer les talents qui inventeront les géants du Net de demain.
À très court terme, aucune concertation ne semble voir le jour. L'OCDE, qui avait une première fois tiré la sonnette d'alarme en février, aimerait que le G20 s'empare de ces questions en juillet, alors que le Premier ministre britannique David Cameron voudrait que le G8 tape du poing sur la table dès le mois de juin. Quant à l'Europe, elle repousse toute décision commune à décembre. Bref, la balle est dans le camp des États. Histoire de ne pas laisser trop longtemps sans réponse l'appel inattendu de Google.
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